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La Tombe des Fleurs
8 janvier 2011

Fondu Enchainé 2 (part 1)

''Jane est le stéréotype parfait de l'adolescente, paumée, mal dans sa peau, j'aimerai lui dire que ça va s'arranger, mais je ne veux pas lui mentir.''

AMERICAN BEAUTY, Lester

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Le réveil se mit à sonner. Dur. Il le fit taire d'un geste brutal mais ce fut bientôt au tour de la conscience de le rappeler à l'ordre. Il n'avait pas trouvé d'excuses pour se justifier de son absence et puis il n'avait pas envie de poireauter une heure et demie chez le médecin pour obtenir le saint papier de dispense. Il se souvint également qu'il lui fallait trouver une connexion internet correcte pour envoyer quelques nouvelles à Lucie.

Pas beau à voir.

La sale tête du matin. Les yeux qui collent, les cheveux ébouriffés en plus de l'haleine douteuse.

Ca ne faisait pas rêver.

Ses joues portaient la trace d'un sommeil agité entre ses multiples couches de draps en flanelle et autres couvertures polaires.

Il finit par s'en extraire en râlant un peu et enfila ses charentaises avant de se diriger d'un pas trainant jusque dans la salle de bains.

Gabriel croisa son reflet dans le miroir et passa la main sur les poils épars de son menton.

Complexé. Léger embonpoint.

Rond, ouais.

De nouveau les souvenirs désagréables surgissant des profondeurs sépulcrales de sa mémoire : les années lycée.

Il secoua la tête énergiquement pour chasser les idées noires puis se jeta sous la douche. Morsure de l'eau bouillante sur sa peau, il se sentait déjà mieux. Il sorti de la pièce emmitouflé dans son peignoir, grelottant. Il prépara ensuite sur un coin de lit, un pull supplémentaire, une écharpe, un bonnet, d'adorables cache-oreilles, ainsi qu'une seconde paire de gants.

Il enfila un t-shirt ainsi qu'un pantalon de velours côtelé par-dessus ses ''long legs'' à la Charles Ingalls, deux grosses paires de chaussettes devraient suffire.

Il chaussa non sans fierté d'énormes Caterpillar l'enrobant à mi-mollets.Nouvelle inspection dans le miroir : plutôt pas mal, petite barbe bien ajustée. BG. Il sourit de satisfaction découvrant des dents bien blanches. Il avait un très joli sourire qui faisait légèrement plisser ses yeux.

Des bruits de pas dans l'escalier vinrent soudain troubler sa contemplation. Sa logeuse n'allait certainement pas tarder à surgir dans sa chambre sans frapper pour le prier de descendre pour le petit déjeuner.Enième petite contrariété de ce début de journée qu'il était bien décidé à contrer. Il se posta devant l'entrée, son oreille plaquée sur le bois, à l'affût, la main enserrant fermement la poignée...Et quand les pas se furent dangereusement rapprochés, il compta jusqu'à 3 et vlan ! Ouvrit la porte à la volée.

Surpris, il affichait à présent un sourire crispé.

''_Gabe...Gabriel! Balbutia la jeune femme.

(Pire que la logeuse, il s'agissait en fait de la fille aînée de cette dernière...)

_Beth, salut. Je descends.

Gabriel n'avait toujours pas quitté cet étrange rictus, un peu comme s'il posait et que l'appareil tardait à se déclencher.

_Bon on y va? Je te suis.''

Beth hocha la tête et s'engouffra derechef dans les escaliers. Monter. Descendre. Monter. Elle n'allait faire que ça toute la matinée. Gabriel pensa en lui-même que ça n'était peut-être pas plus mal. Il examina sa silhouette. Grosse, trop grosse. Engoncée dans ses jeans trop serrés et ses décolletés à n'en plus finir. Dommage. Joli visage. Brune. Les yeux très bleus. Stupide. Peut-être qu'avec lui. Elle se frottait sans arrêt à lui et papillonnait des cils quand il s'adressait à elle. Avait parfois les mains baladeuses, l'attitude maladroitement aguicheuse. Il avait même remarqué qu'elle tentait parfois de le rendre jaloux en lui racontant ses supposées escapades nocturnes avec le fils des voisins, un blond sale et malingre pourtant connu et reconnu pour être un sacré tombeur.

Gabriel subissait. Clairement, il n'en avait rien à taper. Rien à foutre de Beth et de ses gros tétés. Toutes ses pensées étaient dirigées à des milliers de kilomètres d'ici. Là où se trouvait Lucie. Plus qu'une vingtaine de croix à tracer sur le vieux calendrier.

Beth lui lança son regard de braise en secouant ''voluptueusement'' sa chevelure. Gabriel commençait à redouter sérieusement une déclaration imminente. En effet, elle avait à peu près tout essayer, sauf ça. Il préférait s'attendre au pire et réfléchir dès à présent à la façon dont il allait la rembarrer, sans trop la vexer.

Et ouais, pas facile. D'autant qu'il vivait sous toit.

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